La monnaie est émise par l’ensemble du système bancaire.
Les banques accordent des crédits aux agents non IFM. Elles peuvent le faire de deux manières :
cas 1– elles prêtent des ressources monétaires qui ont été déposées préalablement
cas 2 – elles prêtent en faisant confiance à l’emprunteur en répondant à la demande par une simple écriture sur le compte du client contre la promesse de restitution de la somme à une échéance fixée d’un commun accord.
Dans le premier cas il n’y a pas création monétaire, il s’agit d’un simple transfert entre deux agents : tout se passe comme si la banque mettait en relation les deux agents non IMF, celui qui a déposé de la monnaie à la banque et celui qui emprunte cette monnaie à la banque. La banque assure une simple circulation monétaire.
Dans le deuxième cas il y a bien création monétaire.
Les banques participent à la création de monnaie par le crédit, la banque crédite le compte du bénéficiaire et met ainsi à sa disposition de la monnaie scripturale, c’est pour cela qu’il faut dire les crédits font les dépôts et non pas l’inverse (les dépôts font les crédits).
– Si elle décide d’accorder un crédit de 100 euros à M. X, elle va enregistrer deux opérations symétriques : au passif de son bilan, elle inscrit les 100 euros que M. X est autorisé à retirer sur le compte qu’elle lui a ouvert ; à son actif, elle inscrit la reconnaissance de dette de M. X (c’est une créance pour la banque qui représente la promesse de remboursement par M. X).
La banque a donc créé sa propre monnaie, il n’y a pas eu d’épargne préalable au crédit et elle n’a pas besoin de détenir dans ces caisses la somme correspondante.
Le remboursement de l’emprunt conduit à une opération symétrique de destruction monétaire car la banque va annuler sa créance et M. X sa dette.
Une fois ce crédit accordé à M. X, il pourra l’utiliser pour régler par chèque son créancier qui pourra le déposer à sa banque. À partir de ce dépôt, cette dernière pourra envisager d’accorder un découvert à Mme Y qui l’utilisera pour régler son garagiste, et ainsi de suite, à l’infini.
Le crédit initial aura donc provoqué une véritable multiplication des dépôts et des crédits.
Ainsi les banques peuvent créer de la monnaie en accordant des crédits parce qu’elles transforment une créance en monnaie.
Il en est de même lorsque les agents économiques résidents échangent des devises contre de la monnaie intérieure (une devise étrangère est un titre de créance sur l’étranger). Un importateur payé en dollars portera ces dollars à sa banque et celle-ci créditera le compte de l’importateur d’une somme en euros correspondant à la valeur des dollars. La banque transforme à nouveau une créance (les devises) en monnaie (les euros).
Enfin, la banque peut créer de la monnaie à chaque fois qu’elle achète un actif réel (immeuble par exemple) ou un actif financier (escompte de traites, achats d’actions, achat d’obligations publiques ou privées). Une traite, une action, une obligation et tous les autres titres financiers sont des créances. Le propriétaire d’une action détient une créance sur la société qui a émis l’action (il en va de même pour une obligation et pour les autres titres), en cédant cette action à une banque il va voir son compte créditer d’une somme égale à la valeur du titre. La banque crédite ce compte en créant de la monnaie. Elle transforme la créance en monnaie.
Cette forme de création monétaire, la « monétisation » par une banque, de l’achat de titres publics ou privés est devenue très importante.
« Désormais, les banques émettent de la monnaie non seulement à l’occasion de leurs opérations de crédit, mais également en contrepartie de leurs opérations de financement par achats de titres. Dans le cadre du régime d’économie d’endettement , la création monétaire s’effectuait principalement à l’occasion des opérations de crédit. Dans le nouveau régime, les banques créent également de la monnaie en contrepartie de leurs financements par acquisition de titres sur les marchés. Ainsi, les modalités de la création monétaire se sont diversifiées. Le crédit n’est plus qu’une des sources de la création monétaire. De plus, les crédits créent moins de dépôts dans la mesure où la part des dépôts diminue dans le bilan des banques et dans les actifs financiers détenus par les agents non financiers. Le fait que ces derniers se portent de plus en plus vers des actifs autres que les dépôts bancaires, tels que les parts de SICAV monétaires, constitue une « fuite » dans le système bancaire stricto sensu. Il en résulte une diminution du pouvoir de création monétaire des banques. […] La part des crédits bancaires dans les financements totaux a sensiblement baissé, passant de 71 % en 1978 à 39,1 % en 2003. »
Source : Dominique Plihon « La monnaie et ses mécanismes », Repères, La Découverte, 2004.
Dans le bilan des banques, les crédits à la clientèle qui représentaient plus de 80% de l’actif en 1980 ne représentait plus que 30% en 2006, alors que le pourcentage des titres passait de 5% à 55%.